Catégorie: Actualité
Date de publication: mars 21, 2024

LA FORCE DES GUÊPES PARASITOÏDES

UN GUIDE DE LUTTE EFFICACE CONTRE LES ALEURODES DANS LES CULTURES SOUS SERRE ET LES CULTURES ORNEMENTALES

Les aleurodes sont des ravageurs courants dans les serres, les jardins d'agrément et les exploitations agricoles, causant des dommages à un large éventail de cultures. Parmi les différentes espèces d'aleurodes, l'aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum) et l'aleurode du tabac (Bemisia tabaci - également Bemisia tabaci - également communément appelée aleurode de Bemisia) sont particulièrement notoires. Ces deux ravageurs présentent des caractéristiques distinctes, nécessitant des stratégies de lutte différentes. Dans cet article, nous nous concentrerons sur les stratégies de lutte contre ces aleurodes dans les cultures maraîchères et ornementales sous serre et sur la manière dont les méthodes de lutte basées sur le parasitisme et sur l'alimentation de l'hôte jouent toutes deux un rôle crucial dans la gestion de ces ravageurs.

Comprendre l'aleurode des serres

L'aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum) est l'espèce la plus répandue au Canada et constitue une menace permanente pour les cultures maraîchères et ornementales en serre. Ces minuscules insectes déposent sur les nouvelles pousses leurs œufs et ces derniers se développent au fur et à mesure que la plante grandit, occasionnant de nombreux dommages, notamment :

  • Ils se nourrissent de la sève des plantes en perçant le système vasculaire avec leurs pièces buccales de type piqueur-suceur. Cette alimentation prive la plante de ses réserves d'énergie, l'affaiblit et réduit sa capacité à transporter l'eau et les nutriments essentiels. En conséquence, la plante devient rabougrie et présente des symptômes de carence nutritionnelle, ce qui réduit les défenses naturelles de la plante et réduit la qualité de la récolte (pertes économiques).
  • Ils sécrètent une substance sucrée appelée miellat (le résultat de leur alimentation en sève). Le miellat peut s'accumuler sur les surfaces de la plante, favorisant la croissance de la fumagine (une moisissure poudreuse noire). La fumagine recouvre les feuilles, limitant la photosynthèse et obligeant le producteur à rejeter les fruits et les fleurs pour des raisons esthétiques.
  • Ils agissent comme vecteurs de diverses maladies végétales, transmettant des agents pathogènes des plantes infectées aux plantes saines.

Comprendre l'aleurode du tabac

L'aleurode du tabac (Bemisia tabaci) constitue une menace importante pour les cultures ornementales et les cultures maraîchères sous serre. Ces minuscules insectes déposent leurs œufs partout sur la plante, occasionnant des dégâts considérables et variés. Les dommages ressemblent en partie à ceux provoqués par d'autres aleurodes (voir ci-dessus), mais les aleurodes Bemisia sont connus pour leur capacité de transmettre des virus lorsqu'ils injectent des enzymes. Les fruits se décolorent et mûrissent de manière irrégulière, ce qui les rend impropres à la consommation.

En outre, contrairement aux autres espèces d'aleurodes, les aleurodes Bemisia ont développé un niveau élevé de résistance à la plupart des pesticides chimiques régulièrement utilisés sur les cultures agricoles et ne sont pas facilement éliminés avec des guêpes parasitoïdes. Les taux de réussite marginale des guêpes parasitoïdes se situent généralement entre 20 et 30 % au maximum. Les producteurs qui s'appuient uniquement sur les produits chimiques ou les méthodes de lutte par parasitisme se trouvent ainsi confrontés à des difficultés considérables, d'où la nécessité de recourir à d'autres méthodes pour éliminer ce ravageur.

La lutte biologique basée sur le parasitisme

On peut tirer parti du parasitisme comme outil de lutte biologique en recourant aux prédateurs naturels, dans ce cas les guêpes parasitoïdes, pour limiter les populations d'aleurodes. Les guêpes parasitoïdes déposent leurs œufs dans les nymphes ou les pupes d'aleurodes, où elles se développent à l'intérieur ou sous leur hôte. Elles se nourrissent de ce dernier jusqu'à la nymphose pour ensuite éclore en tant que nouvelle guêpe parasitoïde adulte.

Comment optimiser la lutte biologique basée sur le parasitisme :

Choisir le bon parasite :

  • En-Strip : Les guêpes Encarsia formosa sont généralement plus efficaces dans les conditions plus froides (inférieures à 25°C) et en cas de faible dispersion des aleurodes, car elles survivent plus longtemps et peuvent donc déposer des œufs sur une plus longue période.
  • Ercal: Les guêpes Eretmocerus eremicus préfèrent les températures plus élevées (généralement supérieures à 25°C) et réagissent plus rapidement en cas de forte pression des aleurodes, car elles déposent tous leurs œufs sur une période plus courte que l'Encarsia.
  • Enermix: Souvent considéré comme le choix le plus fiable, Enermix (une combinaison des guêpes E. formosa et E. eremicus) offre une protection dans diverses situations, étant donné que les agents de lutte biologique y compris sont adaptés à une gamme de températures et de pressions de ravageurs.

Choisir le bon moment pour l'introduction :

  • Déterminer s'il convient d'introduire des guêpes parasitoïdes à titre préventif ou dès l'apparition des premiers aleurodes sur les cartes de dépistage (le choix dépend de votre culture, des facteurs de risque et de la pression des aleurodes au cours des années précédentes).
  • En cas d'introduction en hiver, la baisse de la luminosité et les températures plus froides peuvent avoir un impact négatif sur le comportement des agents de lutte biologique. Leurs capacités de vol sont réduites et ils ont tendance à se déplacer principalement en rampant pour trouver les aleurodes. Pour compenser ces difficultés, un taux d'introduction plus élevé et un plus grand nombre de points d'introduction seront nécessaires pour lutter efficacement contre les ravageurs.

Adapter les taux d'introduction :

  • Dans la lutte contre l'aleurode des serres, il convient de surveiller les niveaux de parasitisme en inspectant les feuilles les plus anciennes ; la présence de pupes jaunes ou noires indique qu'elles ont été parasitées par les agents biologiques dans ERCAL (jaune) ou ENSTRIP (noir). L'objectif est d'atteindre et de maintenir un taux de parasitisme de 80 %. Adapter les introductions hebdomadaires des guêpes parasitoïdes en conséquence.
  • Par exemple, si environ 60 % des pupes sont parasitées, il faut augmenter les taux d'introduction hebdomadaires de 30 % jusqu'à ce que l'objectif de 80 % de parasitisme soit atteint.

Stratégie d'effeuillage :

  • La façon de procéder à l'effeuillage peut avoir une incidence importante sur le nombre d'aleurodes et les niveaux de parasitisme dans une culture.
  • Lorsque le niveau de parasitisme est élevé, on peut laisser les feuilles enlevées sur le sol pour que les parasites aient le temps d'éclore et de se réintégrer dans la culture.
  • Lorsque le niveau de parasitisme est faible et la pression des aleurodes élevée,il faut éliminer les feuilles de la serre pour éviter que de nouveaux aleurodes adultes émergent et se répandent dans la culture.
  • En cas de présence de l'aleurode Bemisia, il faut effeuiller les plantes dans les points chauds et éliminer les feuilles de la serre. Les taux de parasitisme de l'aleurode Bemisia étant faibles, nous comptons sur le fait que les agents de lutte biologique se nourrissent de l'hôte comme principal mode d'action.

Stratégie basée sur la consommation de l'hôte :

La consommation de l'hôte est un élément important de la lutte biologique contre l'aleurode des serres et l'aleurode du tabac,, mais elle l'est davantage contre Bemisia en raison des problèmes inhérents aux produits chimiques et à la lutte biologique basée sur le parasitisme. La consommation de l'hôte se réfère au processus par lequel les parasitoïdes femelles adultes utilisent leurs ovipositeurs (l'organe de ponte) pour percer le corps d'un hôte et créer des plaies ou des perforations par lesquelles elles ingèrent ensuite les liquides biologiques qui y exsudent.

Remarque : Lors de l'utilisation d'une stratégie basée sur la consommation de l'hôte, les taux d'introduction de parasites doivent être plus élevés que dans le cas d'une stratégie de lutte basée sur le parasitisme.

Mesures supplémentaires :

  • Si on observe régulièrement la présence d'aleurodes adultes sur les têtes des plantes, des mesures supplémentaires peuvent s'avérer nécessaires, telles que l'utilisation de pièges collants, de savon insecticide ou de champignons entomopathogènes, afin de limiter davantage la population de ravageurs.
  • Des pièges collants ou en ruban placés de 45 à 60 cm au-dessus de la culture constituent une solution remarquablement efficace pour éliminer les adultes de la population.
  • Dans le cas d'infestation par Bemisia, il faut ajouter une deuxième rangée de pièges collants ou en ruban, situés entre les rangs de la culture. Contrairement à l'aleurode des serres, tous les stades du Bemisia sont présents sur l'ensemble de la plante, et non seulement sur les têtes.
  • Pour une lutte encore plus efficace contre le Bemisia, on peut utiliser un souffleur ou un aspirateur pour envoyer les adultes dans les bandes ou les pièges collants. Il convient de procéder ainsi avant la libération des agents de lutte biologique.
  • Les pulvérisations de savon insecticide ou de champignons entomopathogènes dirigées uniquement vers le haut de la plante peuvent également s'avérer très efficaces pour cibler les aleurodes adultes sans perturber les agents de biocontrôle qui sont principalement actifs plus bas dans la culture.
  • Remarque : Il est très peu probable que les ravageurs développent une résistance aux savons insecticides ou aux champignons entomopathogènes.

Une lutte efficace contre les aleurodes exige une approche intégrée. Cette approche nécessite une compréhension approfondie des vulnérabilités du ravageur, le déploiement d'une lutte basée sur le parasitisme et la mise en œuvre de méthodes basées sur la consommation de l'hôte, adaptées à l'espèce d'aleurode en question. En outre, elle nécessite une certaine flexibilité pour pouvoir adapter les taux d'introduction en fonction du calendrier d'introduction et d'un taux de parasitisme variable.

Les guêpes parasites, telles que celles des produits En-Strip, Ercal et Enermix, jouent un rôle clé dans la lutte contre les aleurodes sur toute une série de cultures et dans toutes sortes de conditions. En intégrant ces stratégies polyvalentes aux programmes de lutte biologique et en surveillant de près les populations d'aleurodes, les producteurs peuvent protéger leurs cultures et minimiser les effets néfastes de ces nuisibles persistants et gênants.