Les tétranyques sont des parasites dévastateurs qui peuvent détruire votre culture en quelques semaines s'ils ne sont pas maîtrisés.
Heureusement, il existe de nombreux prédateurs sur le marché qui peuvent contribuer à la lutte contre une infestation de tétranyques, mais certains d'entre eux sont destinés à une utilisation dans des situations particulières. Il est donc essentiel que vous fassiez le bon choix pour mener une lutte efficace contre les tétranyques.
Avant de faire le choix d’un agent de lutte biologique, il est important de s'assurer préalable au traitement que l'on a affaire avec l'espèce de tétranyque la plus courante, Tetranychus urticae, qui constitue la majorité des tétranyques que l’on trouve dans les cultures au Canada. Pourquoi? Certains auxiliaires de culture (p. ex. : Phytoseiulus persimilis — Spidex) ne se nourrissent que des acariens Tetranychus sp.
Remarque : On trouve parfois au Canada d'autres espèces de tétranyques, comme Panonychus ulmi (le tétranyque rouge du pommier), Tetranychus cinnabarinus, etc.
Produits pour le traitement des tétranyques
Les principaux agents de lutte biologique sont les acariens prédateurs, les cécidomyies et les coléoptères prédateurs. Dans la majorité des cas, les acariens prédateurs (Spidex — Phytoseiulus persimilis et Spical — Neoseiulus californicus) suffisent pour assurer l'efficacité du programme de lutte contre les tétranyques. Les cécidomyies et les coléoptères prédateurs ne sont employés généralement qu'à titre complémentaire. Les cécidomyies (Spidend – Feltiella acarisuga) et les coléoptères prédateurs (Stethorus punctillium) sont surtout utilisés pour le traitement des cultures maraîchères en serre (concombres et poivrons) pour contrôler les points chauds en complément des acariens prédateurs qui constituent la base du programme.
Acariens prédateurs
Les acariens prédateurs sont des espèces de petits acariens qui vivent dans la nature et qui prolifèrent dans divers environnements, notamment sous les feuilles, à l'intérieur des fleurs et dans le sol (selon l'espèce). Ils constituent le choix optimal pour la plupart des programmes de lutte contre les tétranyques en raison de leur capacité à persister dans la culture, à augmenter rapidement leur nombre en réponse au cycle biologique du ravageur et à traquer leurs proies par la détection des substances volatiles émises par les plantes endommagées par les tétranyques. Les acariens prédateurs ont depuis longtemps fait preuve de leur efficacité et de leur rentabilité dans la lutte contre les tétranyques. À cette fin, Koppert produit et vend depuis 1967 les acariens prédateurs Phytoseiulus persimilis (Spidex).
Les acariens prédateurs employés dans la lutte contre les tétranyques se répartissent entre les trois catégories principales suivantes.
Type 1 : Acariens prédateurs spécialisés — prédateurs stricts des tétranyques
- p. ex. : Phytoseiulus persimilis (Spidex), un prédateur qui se nourrit exclusivement des espèces Tetranychus.
Type 2 : Prédateurs sélectifs de Tetranychus sp. — acariens prédateurs qui s'attaquent principalement aux acariens tisserands, tels que le tétranyque à deux points, mais qui peuvent également s'alimenter d'autres sources de nourriture, telles que les thrips, le pollen, etc.
- p. ex. : Neoseiulus californicus (Spical) et Neoseiulus fallacis
Type 3 : Prédateurs généralistes — acariens prédateurs qui se nourrissent de et se développent sur un grand nombre de ravageurs. Ils se nourrissent de tétranyques, mais ne les préfèrent pas particulièrement. Ils sont donc un mauvais choix pour la lutte biologique. Ces espèces d'acariens prédateurs sont généralement employées dans la lutte contre les thrips et les aleurodes.
- p. ex. : Amblyseius swirskii (Swirski-Mite), Neoseiulus cucumeris (Thripex), Amblyseius andersoni (Anso-Mite), Amblyseius degenerans et Amblydromalus limonicus (Limonica)
Dans la plupart des cas, Spidex (Phytoseiulus persimilis), Spical (Neoseiulus californicus) ou une combinaison des deux conviennent le mieux.
Spidex s'agit d'un acarien prédateur spécialisé de type 1. Il est plus apte que d'autres acariens prédateurs à traquer ses proies dans les toiles denses, il est celui qui répond en plus grand nombre au développement de la population de tétranyques, et les poils de feuille spécialisés ne sont pas nécessaires à son oviposition (contrairement à la plupart des acariens prédateurs). Il est donc capable de mieux se reproduire sur des plantes dépourvues de ces poils, comme le cannabis ou de nombreuses plantes ornementales. Sur ces plantes, Spidex préfère déposer ses œufs directement sur la surface des feuilles ou dans les toiles de tétranyques. L'inconvénient de ce prédateur est que sa population diminue rapidement lorsque le nombre de tétranyques baisse et qu'il ne s’attaque qu’aux acariens des espèces Tetranychus.
Remarque : Pour en savoir plus sur ce produit, consultez l'article suivant : Choisir entre Spidex Red et Spidex Vital | Koppert Canada
Spical s'agit d'un acarien prédateur sélectif de type 2. On l'emploie de préférence à titre préventif ou dans les situations où la densité des ravageurs est faible. Il se disperse davantage que les acariens Spidex et découvre ainsi de plus petites colonies de tétranyques. Il peut survivre plus longtemps sans source de nourriture et s'attaque à de nombreuses espèces d'acariens moins courantes (le tétranyque rouge du pommier, l'acarien plat, l'acarien du fraisier, le tarsonème, Tetranychus cinnabarinus, etc.). L'inconvénient de cet acarien prédateur est que la présence de poils spécialisés sur les plantes est nécessaire pour qu'il puisse y déposer ses œufs. Ces poils se trouvent sur les cultures maraîchères traditionnelles comme les concombres et les poivrons, mais n'existent pas sur les plantes comme le cannabis et de nombreuses plantes ornementales.
Les autres acariens destinés à la lutte biologique contre les tétranyques sont les suivants.
Anso-Mite (Amblyseius andersoni) : Malgré le fait que l’on vend cet acarien prédateur comme agent de lutte contre les tétranyques, il est en fait un acarien prédateur généraliste de type 3, ce qui fait de lui un choix moins apte au traitement des tétranyques. Il est préférable de l'employer comme prédateur généraliste, de la même manière qu'Amblyseius swirskii ou Neoseiulus cucumeris, mais dans les températures plus basses.
Neoseiulus fallacis : un acarien prédateur de type 2 qui se nourrit donc de tétranyques. Neoseiulus fallacis agit de la même manière que Neoseiulus californicus, qui est employé plus couramment, mais ce premier est principalement destiné aux cultures fruitières extérieures en climats frais, où il est un prédateur indigène commun.
Cécidomyies
Spidend (Feltiella acarisuga) est la seule espèce de cécidomyie proposée pour le traitement des tétranyques. Elle est vendue en tant que pupe. Une fois la pupe introduite dans la culture, l'insecte émerge au stade adulte. Les adultes recherchent activement les colonies de tétranyques et déposent leurs œufs à proximité de ces ravageurs. Dès que la larve émerge, elle se nourrit exclusivement de tétranyques.
Le produit est particulièrement bien adapté au traitement des cultures (comme le concombre, l'aubergine et le poivron) dans lesquelles on trouve souvent des points chauds de tétranyques, où Feltiella acarisuga peut s’établir et à partir desquels elle peut se propager. Spidend se reproduit en très grand nombre en réponse aux populations de tétranyques et possède d'excellentes capacités de recherche, de sorte qu'une fois établi, il peut trouver et éliminer les points chauds avant même que les cultivateurs ne les découvrent. Le principal inconvénient de cet agent de lutte biologique est qu'il est sensible aux conditions climatiques et aux résidus de pesticides en raison de la variabilité de son efficacité entre cultures et zones géographiques.
Coléoptères prédateurs
Stethorus punctillium (une coccinelle prédatrice des tétranyques) est le seul coléoptère prédateur sur le marché qui se nourrit strictement des tétranyques. Son efficacité est optimale en présence de grands foyers localisés de tétranyques et il est employé surtout en cultures de concombres et de poivrons sous serre, où la pression des ravageurs est généralement très forte. Une fois introduite, Stethorus punctillium se disperse en volant à travers la culture à la recherche des odeurs de sa proie et se multiplie dans les zones à forte densité de tétranyques. Stethorus punctillium se nourrit également des espèces acariens moins courantes décrites précédemment, ainsi que des acariens en diapause.
Cet auxiliaire de culture présente certaines limites. Les populations se développent lentement en cas de faible luminosité et de basses températures, et elles sont plus susceptibles de s'éloigner de la culture que les autres agents de lutte biologique. Stethorus punctillium ne constitue généralement pas un produit à utiliser seul, mais il s'agit d'un complément utile aux acariens prédateurs dans certaines situations.
Conclusion
Plusieurs acariens prédateurs et autres agents de lutte biologique sont proposés pour le traitement des infestations de tétranyques. Pour garantir le succès du traitement, le choix du prédateur approprié doit toutefois être fait en tenant compte des conditions locales et de l'espèce de ravageur présente. La compréhension des principaux types d'acariens prédateurs et de leurs particularités permet de faire un choix éclairé. L'utilisation de produits tels que Spidex et Spical représente la base d'un programme antiparasitaire efficace contre les tétranyques, complétée au besoin par d'autres agents de lutte biologique tels que les cécidomyies et les coléoptères prédateurs. En choisissant les produits appropriés, les producteurs peuvent assurer la protection de leurs cultures de manière efficace et durable.